Les coulisses de la gamelle...

Chiens et chats, en particulier, sont souvent considérés comme des membres de la famille et d’aucuns estiment devoir les nourrir comme leurs enfants, ou comme eux-mêmes aimeraient manger. Du bien-être animal aux dérives d'une humanisation outrancière de nos compagnons, il y un fossé que certains franchissent, signant ainsi des excès divers : festins de morceaux nobles, friandises et autres snacking, etc. Les industriels ne s’y trompent pas, qui investissent énormément pour proposer des aliments innovants, bio, santé, vegan, premium, etc.

Qu’en penser ? Nos compagnons à quatre pattes ont-ils besoin de tout cela ? Quels choix faire ? Comment se positionner sur les plans environnement et éthique ? Petit tour d’horizon.

Les relations étroites entre l’homme et l‘animal datent probablement de 15.000 ans avant JC, avec la domestication du chien. Depuis, de nombreuses espèces ont été domestiquées, d’abord dans un but utilitaire, pour l’agrément ensuite. Longtemps vus comme des objets, les animaux sont toujours considérés par la loi comme des biens et les animaux de compagnie sont communément reconnus comme non productifs : chiens, chats, autres animaux à fourrure de type lapins, furets, rongeurs divers et autres NACs [1]. Le présent article se limitera à l’alimentation des seuls chiens et chats, souvent dénommée « Petfood » par les spécialistes.

Selon la FEDIAF (European Petfood Industry Federation), 1 315 000 ménages belges sont détenteurs d’un animal (63 036 940 pour l’UE). 26% des ménages belges ont au minimum un chat et 24% au minimum un chien. En Belgique, la population de chats est de plus de deux millions, celle de chiens se monte à plus de deux millions et demi d'individus [2].

Et tout ce petit monde mange. Enormément. Souvent trop. Ration ménagère (la pâtée maison), croquettes, aliments humides, snacks, biscuits,… il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses.

Y'a quoi au menu ?

© UB Iwerks Comics

La domestication millénaire du chien a transformé son système digestif au point qu’il n’est plus un carnivore strict comme ses ancêtres. Le chien a besoin d’apports journaliers en protides, glucides, lipides, vitamines et sels minéraux. Une ration ménagère pour Médor est possible mais difficile à équilibrer - les restes de table sont à proscrire, le chien n’est pas une poubelle ! La ration se composera de riz ou pâtes, de légumes cuits et de viande (bœuf, poulet), à parts égales, à raison d’un total de 30 à 40g par kilo de chien adulte.

Avec ou sans os « bons pour la santé dentaire »? Sujet polémique mais les urgences vétérinaires pour perforation et étouffements nous font dire que seraient à préférer des os suffisamment gros pour ne pas être avalés et solides pour ne pas s’effriter en débris meurtriers. L’alimentation industrielle, humide ou en croquettes, est souvent privilégiée. 

Cheshire_Cat

© Marianna Gadzhieva - DeviantArt

Le chat a très peu évolué par rapport à son ancêtre sauvage. Il a conservé les besoins d’un carnivore strict et les comportements d’un prédateur, avec un grand nombre de petits repas par jour, une alimentation riche en protéines animales, pauvre en glucides, comportant idéalement 70% d’humidité. Si le chat peut choisir son alimentation, il consommera plus de 75% de petits mammifères et 16% d’oiseaux, mais aussi des insectes, des batraciens... Le taux de glucides n’est que de 2.8%. Une ration ménagère se composera de viande maigre, de légumes et de riz cuits, d’huile végétale, et de compléments vitaminés. Vous choisissez l’alimentation industrielle, tellement plus pratique ? Ne la limitez pas aux seuls aliments secs, pourtant si pratiques en libre-service. En effet, impossible d’équilibrer les croquettes avec un taux suffisamment élevé de protéines en regard d’un taux bas de glucides car beaucoup d’amidon est nécessaire à la fabrication. Du coup, 33% de l’énergie sont apportés par les glucides là où un taux de 2 à 12 % serait préférable, la part majeure devant être apportée par les protéines (54%) et les lipides (36 à 44%). 

Mais au fait, qu’y a-t-il derrière l’alimentation humide ou sèche vantée par la publicité

Les rois de la croquette et de la mise en boîte Rayon_Petfood

90% du marché du Petfood couvrent la nourriture pour chiens et chats, avec une hyper-segmentation dont l’agro-alimentaire humain ne rêve même pas, des innovations, des tendances fortes à la premiumisation (gammes « de luxe »), à la naturalisation (valorisation de l'alimentation naturelle) et au snacking.

Derrière Friskies, César ou Sheba, trônent les magnats de l’agro-alimentaire pour les humains. Les plus connus sont Mars (Whiskas, Sheba, Catisfaction, Frolic, Pedigree, Cesar, etc. et, rachetés en 2014 à Procter & Gamble, Iams, Eukanuba et Natura), Nestlé SA (Purina, Purina One, Deli-Cat, Friskies, Pro Plan, etc.), Colgate Palmolive (Hill’s, Hill’s Science Plan), mais aussi Del Monte Foods. Rien d’étonnant : issu de la valorisation des sous-produits animaux, le développement de l’industrie du Petfood procède des productions agricoles et, en particulier, de l’élevage.

Si les grands groupes agro-alimentaires sont actifs au niveau mondial, la France tient la croquette haute au reste de l’Union Européenne, avec 23 fabricants (34 unités de production), près de deux millions de tonnes de produits fabriqués, dont 50% sont exportés. 1 464 000 tonnes de produits de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche sont «valorisés» en nourriture pour animaux domestiques, dont 72 % proviennent de France (au total, 99% proviennent de l’Union Européenne, 1% des Pays Tiers). Entrent ainsi chaque année dans le «Petfood» 

  • 371 000 tonnes de sous-produits de viandes
  • 25 000 tonnes de sous-produits de poissons (matières fraîches ou congelées)
  • 1 068 000 tonnes de matières sèches (céréales, légumes et protéines animales déshydratées).

Mais l’industrie de la nourriture des animaux de compagnie en France, ce sont aussi plus de 6 500 emplois directs et 14 000 emplois indirects, pour un chiffre d’affaire de 2,7 milliards d’euros.[3]

Une vraie machine de guerre économique ! La croissance mondiale de ce marché ne se dément pas, soutenue par les marchés émergents comme le Brésil, la Russie et plus généralement l’Asie et l’Amérique du Sud, favorisée par la hausse des revenus et une sensibilité accrue aux bienfait d’une alimentation de qualité « pour les animaux aussi ». Mais le Petfood industriel répond-il effectivement à cette promesse? Que peut-on intégrer dans les aliments pour chiens et chats ?

Réglementation

Les aliments pour animaux de compagnie sont élaborés à partir de sous-produits animaux (cadavres entiers ou parties d’animaux non destinés à la consommation humaine), notamment. La législation en matière de sous-produits animaux se fonde sur le Règlement de base (CE) n° 1069/2009 et son Règlement d’exécution (UE) n° 142/2011.

Comme pour tout secteur de fabrication alimentaire, ces aliments doivent respecter des exigences en matière de sécurité, de commercialisation et de traçabilité à toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution. Ils ne doivent pas contenir de matières premières dont la mise sur le marché ou l’utilisation est limitée ou interdite.

Le règlement (CE) n° 767/2009 établit, notamment, les exigences relatives à l’étiquetage, au conditionnement et à la présentation, tandis que la Commission européenne a également en recommandation supplémentaire, un code de bonnes pratiques en matière d’étiquetage pour l’alimentation des animaux familiers.

La face cachée de l’étiquette

L’étiquette des aliments pour animaux doit indiquer :

  • le type d’aliment,
  • le nom et l’adresse de l’exploitant du secteur de l’alimentation animale,
  • le numéro de référence du lot,
  • le poids net,
  • la liste des additifs utilisés,
  • la teneur en eau.

Clairement lisibles et indélébiles, l’étiquetage et la présentation ne doivent pas induire l’utilisateur en erreur concernant la destination ou les caractéristiques de l’aliment.

Selon le code de bonnes pratiques, lorsqu’un ingrédient est mis en exergue ou qu’il est fait référence à une espèce (bœuf, poulet, etc.) sur le packaging, cela doit répondre à des exigences au niveau du contenu. Toutes les parties d’une espère citée doivent être autorisées selon la législation 1069/2009 sur les sous-produits animaux. Sont ainsi exclus phanères (griffes, poils, cornes, plumes, becs, dents, sabots), peaux (sauf la peau de porc), graisses ajoutées.

En pratique, ce n’est pas si simple. Les appellations marketing peuvent prêter à confusion. Si l’étiquette annonce «  Bouchées de bœuf aux petits légumes » ou  « Terrine au poulet et à l’agneau », ces éléments n’apparaissent pas forcément en premier dans la liste des ingrédients, classés par ordre décroissant d’importance en poids. Si vous pensez que la mention «au bœuf » sur une photo de filet mignon offre à votre animal la garantie d’un repas gourmet 100% bidoche, vous pataugez dans la gelée. Décryptage !
 

Mention visible sur l’étiquette

Réalité dans la liste des ingrédients (conformité au code de bonnes pratiques)

"Arôme de boeuf"

Bœuf 0%, arôme ajouté

"Aromatisé avec du bœuf"

+ de 0% mais moins de 4% de boeuf

"Avec du bœuf" ou "contient du boeuf"

Min. 4% de boeuf

"Riche en bœuf"

Min. 14% de bœuf

Marque du produit assorti de l’ingrédient « bœuf »

Min. 26% de boeuf

Marque du produit assorti de « tout bœuf »

 

Rien d’autre que du bœuf et les additifs autorisés, compléments nutritionnels et de l’eau pour la fabrication.


Si cet article vous intéresse, veuillez consultez le lien ci contre

 

 

  Horaires d'ouverture de la Cellule Environnement : 

du lundi au vendredi de 8h à 17h - Vous êtes les bienvenu(e)s!